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dimanche 31 janvier 2010

Le nouveau single de Camelia Jordana ? Non merci.





Et c'est reparti. Encore une fois, on va essayer de nous vendre la soupe d'un rescapé d'une pathétique émission télé destinée à faire mouiller les adolescentes et les branchés l'espace de quelques semaines. Comme pour Julien Doré et Christophe Willem, on va essayer de nous faire croire que "oui, il est possible de dénicher là-dedans de véritables talents, que tous ne sont pas aussi insipides que l'on veut bien le croire". Le single de Camelia Jordana (qui n'a pas gagné La Nouvelle Star) s'inscrit dans cette lignée. La voix de la demoiselle est crispante, et Barbara et le Baron sont cités dans le texte. So branchouille !!! Et tellement vain. Même pas mauvais, juste insipide, quoique, soyons honnêtes, très bien produit. On attend d'écouter l'album, bien sûr. Mais pour le moment, rien de bien intéressant à se mettre sous la dent.

Kim: "Je peux virer la partie du guitariste sans remords. Vu que c'est moi".



Kim © J. Buchholtz

Rencontre avec Kim, auteur solitaire de certaines des plus belles chansons pondues dans l'hexagone ces deux dernières années. L'occasion de parler de concept, de la musique actuelle... et des Red Hot Chili Peppers.

Comment s'est fait ton apprentissage musical ?

A 10 ans, j'ai appris la batterie dans une école de jazz. Puis j'ai passé un Bac musique. Non, je n'ai pas joué "Under The Bridge" des Red Hot Chili Peppers sur les bancs du lycée car je ne savais pas encore jouer de guitare. Je commençais un peu l'orgue pour apprendre l'harmonie, puis un zeste de guitare. Mais j'aurais dû, car j'aime beaucoup cette chanson aujourd'hui et que les mecs qui jouaient "Under The bridge" avaient facilement des rendez-vous nocturnes avec des filles de petite vertu. Tandis qu'ils plongeaient dans le stupre, je découvrais mon magnétophone 4-pistes, la Lo-Fi, Neil Young, puis l'envoi par la poste de cassettes à des labels. A 16 ans, j'ai pu faire mon premier disque. J'ai pensé que ça conduirait à un succès immédiat avec les blondinettes, mais Thomas Boulard avait monté un groupe de reprises et les filles du lycée étaient folles de lui. Son groupe s'appelait les "Dusty Bones" et je crois qu'ils chantaient "Under The Bridge". Mon disque a récolté moins de suffrages que les T-shirts de son groupe. Aujourd'hui, il est le chanteur de Luke et j'aimerais que la situation s'inverse. Je crois que je dois apprendre ce riff de Frusciante. Est-il italien?

Tu joues seul sur scène. Par défaut, ou volonté de tout contrôler ?

Je ne suis pas un despote. Mais je n'aime pas trop qu'on se mette sur mon chemin quand j'ai une idée. Sur scène, j'aime jouer seul. C'est franc, c'est direct. Oui, c'est moins orchestré mais grâce à ce minimalisme, je peux passer d'une atmosphère à une autre de façon radicale. C'est que j'ai du répertoire, avec 18 albums! Je peux zapper. Je peux aussi discuter, raconter des conneries. Il y a beaucoup de stand up parfois dans mes concerts. Mais il m'arrive aussi d'être accompagné par un orchestre de plus ou moins grande envergure. Et les gens de rétorquer: "KIM, c'est le nom du groupe?". Dans la tête des gens, être chanteur solo français anglophone est quelque chose de compliqué à saisir. Björk est-elle un groupe? Je crois que c'est pour ça aussi que je joue seul. Mon prénom est KIM, mon nom de scène aussi, et j'enregistre mes disques en jouant de tous les instruments. En étant seul sur scène, je garde cette cohérence. Mais rien n'est figé.

Le fait d'enregistrer seul: inconvénients ? Avantages ?

Je peux virer la partie du guitariste sans remords. Vu que c'est moi. Pareil pour le batteur et les autres. C'est moi aussi. Et ça c'est chouette. Le champ des possibles est immense. L'inconvénient en revanche, c'est la solitude qui va avec. De Todd Rundgren à Stevie Wonder en passant pas Prince ou M dans ses premiers disques, on sent cette solitude étouffante. Oui, ça sent la chambre. Les disques enregistrés en solo ont tous cette atmosphère cotonneuse que j'aime, mais qui encombre souvent l'entrée de ses fondations. Et puis c'est chiant parfois, tous ces câbles qui font des noeuds, et ces claviers qui traînent. Quand mon chat était encore en vie, c'était un de ces bordels! Non, vraiment, je dois aller en studio avec un gars derrière une console. J'en peux plus. Va-t'il me foutre la paix?

En quoi consiste la Don Lee Doo trilogie ? Peut-on employer le terme souvent injurieux de "concept" ?

C'est une trilogie qui a pour thème "le groupe". Ou du moins l'appartenance à un cercle, une secte, une sphère sociale, une famille. Et donc la difficulté parfois de pénétrer dans ces écosystèmes, d'y comprendre ses codes. "Don Lee Doo" parlait de secte. "Mary Lee Doo" de famille et de blogs. J'y traite autant de ma famille que de celle de Solenn Poivre d'Arvor, que je n'ai pas connue mais dont la fin tragique m'avait touché. J'imagine cette jeune fille qui a du mal à trouver sa place autrement que dans l'ombre de son père et qui termine sous un métro. Pour moi, son histoire rentrait parfaitement dans mon disque. Musicalement, j'ai dosé ça avec une formule: mélodies tristounettes, rythmes dansants, batteries compulsives, claviers jouets, guitare rock, ritournelles "asiatisantes" et son sec. Le terme de concept ne me dérange pas. Mais sans aller jusqu'à ce terme, je dirais que le cadre a toujours eu beaucoup d'importance en pop. Pour l'atmosphère que je développe depuis deux ans, tant dans la musique que sur la partition, j'ai besoin de temps et de place. Quelque chose comme 4 ans et trois albums. D'où la trilogie et son suffixe "Lee Doo" qui la classe dans ma discographie et dans votre discothèque.

Ton avis sur la musique actuelle ? Et particulièrement sur ce qu'il se fait à Paris...


La musique actuelle me parait trop hystérique. Y compris la mienne. Cette recherche perpétuelle du "tube" me fatigue. Les gens ne recherchent que ça. Les chansons plus enlevées n'ont aucune chance aujourd'hui et je trouve ça triste. Peut être que ça change avec The XX. Mais je n'aime pas leur disque. De mon côté, je m'en sors car j'ai plusieurs cordes à mon arc, j'aime divers vocabulaires musicaux. Je sais bien qu'en ce moment, ce sont mes chansons synthétiques qui trouvent un écho chez des gens, et plus du tout mes chansons rock ou folk. Je dois m'en accommoder. On ne peut pas forcer les gens, on ne peut que les inviter. De temps à autres, j'arrive à emmener le public avec moi sur des passages plus intimistes lors de mes concerts. Mais très vite, je sens qu'ils ont besoin que je leur balance une de mes chansons plus percussive. Qu'y a-t-il derrière cette phobie du calme? C'est étrange. Le public de la pop est en pleine dépression! Je n'aime pas dire ces choses-là. Ça sonne comme des paroles de grand-père grincheux. Je n'ai que 32 ans, merde. Je ne suis pas réac! Je suis en général content de toutes les évolutions, mais en ce moment, je suis fatigué de ce tohu-bohu. Formulons ça autrement: j'aimerais que l'on se concentre à nouveaux sur la musique sans se soucier de ce qu'elle véhicule derrière en terme de "coolitude". On dit que c'est la crise du disque, mais c'est surtout la crise de l'écoute. Qui se met dans un bon canapé pour écouter un disque et sombrer dans les songes? Pourquoi les gens ont-ils besoin de connaitre les ventes d'un disque avant de l'acheter, ou de vérifier si l'interprète est célèbre? C'est là qu'il y a un vrai souci. Quand les gens n'ont plus confiance en ce qu'ils ressentent face aux produits culturels. À Paris et ailleurs.